Initiée par l’accord national interprofessionnel (ANI) de juillet 2008 sur le stress au travail, la qualité de vie au travail ne tient pas ses promesses en matière de santé, sur la réduction des risques psychosociaux, sur l’évolution des métiers, sur l’organisation et la charge de travail.
Selon l’ANACT, la grande majorité des accords signés entre les partenaires sociaux et les entreprises, entre septembre 2017 et août 20181, s’attache à des enjeux sociétaux tels que l’égalité professionnelle, l’articulation vie au travail et hors travail, la diversité et le handicap, et se traduisent par des mesures dans le registre des ressources humaines (RH). La santé au travail, en revanche est rarement abordée et quand c’est le cas, peu de liens sont faits avec les questions de charge de travail, de contenu et d’organisation du travail.
Selon leur analyse, la prévention primaire est peu présente, et le changement organisationnel est le parent pauvre des accords. Les questions de production, de rendement, de contraintes liées à la qualité, aux délais et à la maîtrise des coûts sont le plus souvent ignorées, alors que l’amélioration conjointe de la performance et des conditions de travail est précisément au cœur de l’ANI. Le droit d’expression des salariés sur leur travail, point fort de leur participation au processus, est limité souvent à l’entretien annuel sans que soient évoqués les espaces de discussion préconisés par la loi, selon l’ANACT.
Dans l’esprit de l’ANI, une approche transversale qui permet de faire le lien entre organisationnel, performance économique et santé est fondamentale parce qu’elle donne la parole aux professionnels pour réfléchir aux évolutions des organisations et des métiers et encourage le déroulement d’expérimentations, bref, c’est une façon d’intégrer, ceux qui font le travail, dans les processus de décisions et de transformations tout en accompagnant le changement.
De la séance de massage au télétravail, en passant par la salle de silence, la qualité de vie au travail renvoie à une grande diversité de mesures qui ne sont pas toujours en rapport avec le travail et qui, par conséquent n’améliore ni le bien-être au travail, ni la qualité du travail.
Source : I. MAHIOU. Santé & Travail. N° 109. Où est passé le « T » de la QVT ?. Pages 12 à 14. Janvier 2020
1 Un cap à tenir. Analyse de la dynamique de l’accord national interprofessionnel qualité de vie au travail -égalité professionnelle du 19 juin 2013. Rapport de l’ANACT – février 2019 « Négociation collective, pratiques et innovations en matière de risque santé »